Le minimalisme entrepreneurial : qu’est-ce que c’est?

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Savil Lavingia a fondé Gumroad et levé plusieurs millions de dollars avant de faire marche arrière et revenir à un modèle plus sain : le minimalisme entrepreneurial.

Dans cet article, je partage avec vous ce que j’ai retenu de la lecture de son livre “The Minimalist Entrepreneur”. Comment développer un projet sans tomber dans le piège de l’hyper-croissance.

Table des matières

Le minimalisme entrepreneurial

Le minimalisme entrepreneurial consiste à construire une entreprise rentable, durable et centrée sur la relation avec ses client·es.

Cette entreprise sert une mission clairement définie. Cette mission n’est pas de lever des fonds avant d’être vendue pour des millions de dollars. L’objectif est d’aider des personnes en répondant à des besoins réels et de durer dans le temps, en suivant une croissance saine.

La communauté d’abord

Avant de se demander quoi construire, la première étape est de trouver pour qui construire. Trouver une communauté dans laquelle on se sent bien et qu’on a envie d’aider.

Développer une solution pour cette communauté est un engagement dans une relation pour plusieurs années. Il est important de choisir une communauté qui répond à ses valeurs.

Plutôt que de chercher une communauté à intégrer dans le but de vendre une solution, regarder autour de soi, dans les communautés dont on fait déjà partie si une d’entre-elles correspond aux critères permettant de développer une solution.

Une entreprise est un moyen de régler des problèmes pour des personnes auquelles vous tenez et d’être payé pour.

  • Savil Lavingia

Profitabilité dès le début

Le projet doit être pensé avec un objectif de rentabilité, dès le départ. Vu qu’il n’est pas question de lever des fonds, il faudra que le projet génère des revenus rapidement.

Pour celà, mettre un prix sur la solution dès le début permet de valider que les personnes sont prêtes à payer pour l’utiliser. Peu importe le prix mais pas gratuit. Les retours et l’implication des client·es seront totalement différents entre une solution payante et une autre, gratuite.

Par la suite, il sera toujours temps d’adapter le prix en fonction des retours du marché. L’important, c’est de commencer à facturer.

Développer le moins possible

Commencer par résoudre un problème simple et faire tester la solution le plus rapidement possible. Pour déveloper une solution qui répond réellement à un besoin, l’entrepreunariat minimaliste suit le cycle de développement suivant:

  • Développer
  • Faire tester
  • Adapter
  • Recommencer

La façon de poser des questions à la communauté est très importante. Le but est de vérifier que le problème est réel et suffisement ennuyant pour que les personnes soient prètes à investir du temps et de l’argent pour le régler.

Ne pas demander “Achèteriez-vous mon produit?” mais “Pourquoi n’avez-vous pas encore pu résoudre ce problème?”.

Vendre à ses 100 première·es client·es

Le modèle prédominant dans le monde des startups est de développer pendant des mois ou des années puis d’organiser un lancement en grandes pompes en personne ou sur Product Hunt.

Beaucoup de ces grands lancements finissent par un flop. Après autant de travail et d’argent dépensé, c’est le moment ou l’entreprise pivote ou ferme.

Le minimalisme entrepreneurial suggère plutôt d’intégrer ses première·s client·es le plus tôt possible dans le processus de développement.

Commencer par vendre à ses proches, puis à des personnes clés dans la communauté. Une fois ces personnes satisfaites de la solution, elles en parleront autour d’elles. Et si la solution répond à un vrai besoin, d’autres personnes voudront l’utiliser.

Petit à petit, le cercle des personnes qui entendent parler de la solution s’agrandira et de plus en plus de personnes commenceront à l’utiliser. C’est à ce moment qu’il est possible de commencer à vendre à des inconnues·es.

Un meilleur moment pour un lancement est la célébration des 100 premier·es client·es. Ou un autre jalon qui fait sens en fonction du projet. C’est l’occasion de célébrer ces personnes qui ont fait confiance au projet dès le début. Puis, à ce moment, il y a beaucoup plus de chances que le lancement résonne dans la communauté.

Croissance contrôlée

Le modèle mis en avant par les startups laisse penser que pour réussir, il faut travailler beaucoup et rapidement. Que le succès est le résultat d’une course qui laissera forcément la pluspart sur le côté.

Ce modèle n’est pas soutenable et ses seules issues sont la vente de l’entreprise, l’épuisement des employé·es ou la faillite.

L’entrepreneuriat minimaliste soutient un modèle de croissance saine ou il ne faut pas toujours en faire plus. La croissance suit le rythme auquel les client·es se sentent prêt·es à utiliser la solution. On ne peut pas la forcer en travaillant des semaines de 60 heures.

Soyez gros ou vous vous ferez manger. C’est faux! Les gros poissons veulent manger des gros poissons. La grande majorité des entreprises perennes sont de petites entreprises avec une évolution stable: restaurants, entreprises de construction etc.

  • Savil Lavingia

Créer l’environnement dans lequel on veut vivre

Il faut veiller à façonner un environnement dans lequel on aura envie d’évoluer pour plusieurs années.

Définir ses valeurs dès le départ pose un cadre pour toutes les décisions :

  • Communauté : servir une communauté en accord avec ses valeurs ;
  • Produit : développer un produit qui respecte ses principes ;
  • Recrutement : recruter des personnes qui ont envie d’évoluer dans la même direction.

Il s’agit de développer une entreprise dans laquelle vous avez envoie de travailler, même si vous n’y êtes plus obligé·es.

  • Savil Lavingia

Conclusion

A la lecture de ce livre, je me rends compte qu’on trouve des personnes influentes qui prônent un entrepreneuriat responsable. Ça me réjouit de voir ce modèle prendre plus de place sur les réseaux sociaux et dans les récits d’entrepreneur·es.

Je pense que les modèles “Fake it until you make it” et “Hussle culture” sont malsains et ne peuvent fonctionner que pour une minorité de personnes dans des environement privilégiés.

Proposer des modèles d’entrepreneuriat plus sains, plus accessibles et plus facilement conciliables avec des valeurs personnelles fortes permettra de voir une plus grande diversité dans les entrepreneur·es de la tech. Cette diversité est essentielles si on veut proposer des solutions vraiment adaptées à toutes les communautés et pas justes à celles qui ressemblent à ces gars de 20-30 ans de la Silicon Valley.

Pour autant que vous rendiez le monde meilleur d’une façon honête et répétable en développant un produit qui a une valeur monétaire, lancer une entreprise en vaut la peine!

  • Savil Lavingia

References

Pour aller plus loin